Cher(e) patron(ne),
Je me permets de solliciter votre attention sur la présente candidature, quelque peu forcée, à un poste de comptable au sein de votre entreprise.
En effet, n’ayant jamais été attiré par le milieu de la comptabilité, c’est dans le plus grand désarroi que je viens par la présente quémander un emploi, car comme tous les sombres crétins de mon genre qui ont cru que la société leur rendrait ce qu’on lui avait donné, j’ai aujourd’hui des responsabilités et des obligations, comme celle de nourrir ma famille avec le médiocre salaire que vous consentirez à me verser.
Vous l’aurez deviné, la comptabilité n’est pas pour moi une vocation mais plutôt une résignation. Effectivement, suite à l’obtention de mon Brevet des collèges à l’âge de 14ans, la conseillère d’orientation de mon établissement scolaire m’a gentiment fait comprendre que j’avais tout intérêt à m’orienter vers une carrière de boucher-charcutier ; une profession très prometteuse dans les années à venir selon ces bons à rien de prévisionnistes de l’époque.
Etant végétarien, j’ai à mon tour gentiment fait comprendre à ma conseillère d’aller se faire sodomiser. Une seule option se présentait alors à moi : la comptabilité ; pour la simple et bonne raison qu’il restait des places vacantes dans ce domaine si peu demandé… Etrange !
Bref, me voici lancé, BEP, BAC, BTS compta, j’en ai bouffé des chiffres, comme un boulimique, à m’en faire dégueuler…
Fort d’une expérience de 4 ans dans une entreprise concurrente, qui m’aura au demeurant appris à tirer définitivement un trait sur mes espoirs d’épanouissements au travail, j’ai pu acquérir de solides connaissances dans ce secteur pourtant fort désintéressant.
…Connaissances qui sont malheureusement maintenant oubliées sous les effets ravageurs d’une durée d’inactivité trop importante et d’un état de dépression chronique lié à l’idée de devoir un jour servir à nouveau la saloperie de capitaliste que vous êtes.
De plus je pense avoir toutes les qualités requises pour ce poste : d’un naturel insociable, solitaire et égoïste, je saurai me rendre invisible dans toutes les situations, au point même que vous en oublierez mon patronyme, si toutefois vous daignez le retenir…
Enfin, côté santé tout va bien pour moi, si ce n’est ce petit problème de dépression chronique. J’ai une femme avec laquelle nous avons trois enfants, que nous avons, par précaution pour leur avenir, déscolarisés. En effet, ma femme et moi nourrissons l’espoir qu’un jour, nos enfants n’aient pas à lécher le pourtour anal d’une ordure comme vous. Cependant ne vous inquiétez pas pour leur éducation, nous leur apprenons le commerce (ou trafic) de la fonte comme des bons gitans.
En espérant vous avoir convaincu de ma réelle démotivation, ma situation précaire m’oblige à rester à votre disposition, les jambes écartées, pour un éventuel entretien où je pourrais vous jouer du pipeau en direct cette fois.
Je vous prie de croire, cher(e) patron(ne), en l’expression de mon sincère dégoût.
Cédric T.